Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t11.djvu/53

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saint qu’il est, d’avoir aussi fait faire le Devin du Village à Pergolese, & il ne faudroit pas multiplier les auteurs sans nécessité.

Le François.

Pourquoi non ? Qu’un pillard prenne à droite & à gauche, rien au monde n’est plus naturel.

Rousseau.

D’accord ; mais dans toutes ces musiques ainsi pillées on sent les coutures & les pieces de rapport, & il me semble que celle qui porte le nom de J. J. n’a pas cet air-la. On n’y trouvé même aucune physionomie nationale : ce n’est pas plus de la musique Italienne que de la musique Françoise. Elle a le ton de la chose & rien de plus.

Le Françoise.

Tout le monde convient de cela. Comment l’Auteur du Devin a-t-il pris dans cette piece un accent alors si neuf qu’il n’ait employé que la, & si c’est son unique ouvrage, comment en a-t-il tranquillement cede la gloire à un autre, sans tenter de la revendiquer, ou du moins de la partager par un second Opéra semblable ? On m’a promis de m’expliquer clairement tout cela ; car j’avoue de bonne foi y avoir trouvé jusqu’ici quelque obscurité.

Rousseau.

Bon ! vous voila bien embarrasse ! Le pillard aura fait accointances avec l’Auteur : il se sera fait confier sa piece, ou la lui aura volée, & puis il l’aura empoisonne. Cela est tout simple.