Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t11.djvu/62

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Le François.

En se nommant il se contraignoit ; à présent qu’il se croit bien cache, il ne se gêne plus.

Rousseau.

Il a raison, cela lui réussit si bien ! Mais, Monsieur, quel est donc le vrai but de ses livres que cet homme si fin publie avec tant de mystère en saveur des gens qu’il devroit haïr, & de la doctrine à laquelle il a paru si contraire ?

Le François.

En doutez-vous ? C’est de se jouer du public & de faire parade de son éloquence en prouvant successivement le pour & le contre & promenant ses lecteurs du blanc au noir pour se moquer de leur crédulité.

Le François.

Par ma soi ! voila, pour la détresse homme de bien bonne humeur, & qui pour être aussi haineux que vous le faites n’est gueres occupe de ses ennemis ! Pour moi, sans être vain ni vindicatif, je vous déclare que si j’étois à sa place & que je voulusse encore faire des livres, ce ne seroit pas pour faire triompher mes persécuteurs & leur doctrine aux dépens de ma réputation & de mes propres écrits. S’il est réellement l’Auteur de ceux qu’il n’avoue pas, c’est une sorte & nouvelle preuve qu’il ne l’est pas de ceux qu’il avoue. Car assurément il faudroit le supposer bien stupide & bien ennemi de lui-même pour chanter la palinodie si mal à propos.