Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t11.djvu/63

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Le François.

Il faut avouer que vous êtes un homme bien obstine bien tenace dans vos opinions ; au peu d’autorité qu’ont sûr vous celles du public, on voit bien que vous n’êtes pas FRANÇOIS. Parmi tous nos sages si vertueux si justes si supérieurs à toute partialité, parmi toutes nos dames si sensibles, si favorables à un Auteur qui peint si bien l’amour, il ne s’est trouvé personne qui ait fait la moindre résistance aux argumens triomphans de nos Messieurs, personne qui ne se soit rendu avec empressement avec joie aux preuves que ce même Auteur qu’on disoit tant aimer, que ce même J. J. si fête, mais il si rogue & si haïssable, étoit la honte & l’opprobre du genre-humain ; & maintenant qu’on s’est si bien passionne pour cette idée qu’on n’en voudroit pas changer quand la chose seroit possible, vous seul, plus difficile que tout le monde, venez ici nous proposer une distinction neuve & imprévue qui ne le seroit pas si elle avoit la moindre solidité. Je conviens pourtant qu’à travers tout ce pathos, qui selon moine dit pas grand’chose, vous ouvrez de nouvelles vues qui pourroient avoir leur usage communiquées à nos Messieurs. Il est certain que si l’on pouvoit prouver que J. J. n’a fait aucun des livres qu’il s’attribue, comme on prouve qu’il n’a pas fait le Devin, on ôteroit une difficulté qui ne laissé pas d’arrêter ou du moins d’embarrasser encore bien des gens, malgré les preuves convaincantes des forfaits de ce misérable. Mais je serois aussi fort surpris pour peu qu’on pût appuyer cette idée, qu’on se fut avise si tard de la proposer. Je vois qu’en s’attachant à le couvrir de tout