Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t12.djvu/206

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

RÉPONSE À LA LETTRE PRÉCÉDENTE.

Paris le 26 Décembre 1755.

Je vous honorois, Monsieur, comme nous faisons tous ; il m’est doux de joindre la reconnoisance à l’estime, & je remercierois volontiers M. Palissot de m’avoir procuré, sans y songer, des témoignages de vos bontés qui me permettent de vous en donner de mon respect. Si cet Auteur a manqué à celui qu’il devoit, & que doit toute la terre au Prince qu’il vouloit amuser, qui plus que moi doit le trouver inexcusable ? Mais si tout son crime est d’avoir exposé mes ridicules, c’est le droit du théâtre ; je ne vois rien en cela de répréhensible pour l’honnête homme, & j’y vois pour l’Auteur le mérite avoir su choisir un sujet très-riche. Je vous prie donc, Monsieur, de ne pas écouter là-dessus le zele que l’amitié & la générosité inspirent à M. d’Alembert, & de ne point chagriner pour cette bagatelle, un homme de mérite qui ne m’à fait aucune peine, & qui porteroit avec douleur la disgrace du Roi de Pologne & la vôtre.

Mon cœur est ému des éloges dont vous honorez ceux de mes concitoyens qui sont sous vos ordres. Effectivement le Genevois est naturellement bon, il a l’ame honnête, il ne manque pas de sens, & il ne lui faut que de bons exemples pour se tourner tout-à-fait au bien. Permettez-moi, Monsieur, d’exhorter ces