Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t12.djvu/279

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fois & devenus inutiles. Bonjour, Monsieur, je vous salue, vous & vos dignes collégues, de tout mon cœur & avec le plus vrai respect.

LETTRE À M. M***.

Montmorenci le 7 juin 1762.

Je me garderois de vous inquiéter, cher M***, si je croyois que vous fussiez tranquille sur mon compte ; mais la fermentation est trop forte pour que le bruit n’en soit pas arrivé jusqu’à vous, & je juge par les lettres que je reçois des provinces que les gens qui m’aiment, y sont encore plus alarmés pour moi qu’à Paris. Mon livre a paru dans des circonstances malheureuses. Le Parlement de Paris, pour justifier son zele contre les Jésuites, veut, dit-on, persécuter aussi ceux qui ne pensent pas comme eux, & le seul homme en France qui croye en Dieu, doit être la victime des défenseurs du Christianisme. Depuis plusieurs jours, tous mes amis s’efforcent à l’envi de m’effrayer ; on m’offre par-tout des retraites ; mais comme on ne me donne pas pour les accepter des raisons bonnes pour moi, je demeure ; car votre ami Jean-Jaques n’a point appris à se cacher. Je pense aussi qu’on grossit le mal à mes yeux pour tâcher de m’ébranler ; car je ne saurois concevoir à quel titre, moi citoyen de Geneve, je puis devoir ; compte au Parlement de Paris d’un livre que j’ai fait imprimer en Hollande avec privilege des Etats-Généraux. Le seul