Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t12.djvu/281

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quoi qu’ils fassent dans leurs liens & dans leurs murs. Ma carriere est finie, il me reste plus qu’à la couronner. J’ai rendu gloire à Dieu, j’ai parlé pour le bien des hommes ; ô ami ! pour une si grande cause, ni toi ni moi ne refuserons jamais de souffrir. C’est aujourd’hui que le Parlement rentre ; j’attends en paix ce qu’il lui plaira d’ordonner de moi.

Adieu, cher M***, je vous embrasse tendrement ; si-tôt que mon sort sera décidé, je vous en instruirai, si je reste libre. Sinon vous l’apprendrez par la voix publique.

LETTRE AU MÊME.

Yverdun le 15 Juin 1762.

Vous aviez mieux jugé que moi, cher M *** ; l’événement a justifié votre prévoyance, & votre amitié voyoit plus clair que moi sur mes dangers. Après la résolution où vous m’avez vu dans ma précédente lettre, vous serez surpris de me savoir maintenant à Yverdun ; mais je puis vous dire que ce n’est pas sans peine & sans des considérations très-graves, que j’ai pu me déterminer à un parti si peu de mon goût. J’ai attendu jusqu’au dernier moment sans me laisser effrayer, & ce ne fut qu’un courier venu dans la nuit du 8 au 9 de M. le Prince de Conti à Madame de Luxembourg qui apporta les détails sur lesquels je pris sur le champ mon parti. Il ne s’agissoit plus de moi seul, qui surement n’ai jamais approuvé le tour qu’on