Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t12.djvu/368

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qui peut mettre une étrangere à son aise, doit naturellement y être aussi. Il peut donc vivre libre & mourir vertueux. Les vieux gentilshommes, qui valoient bien ceux d’aujourd’hui, cultivoient leurs terres & faisoient du bien à leurs paysans. Quoi que vous en puissiez dire, je ne crois pas que ce fût déroger que d’en faire autant.

Vous voyez, Monsieur, que je trouve dans votre lettre même la solution des difficultés qui vous embarrassent. Du reste, excusez ma franchise ; je dois répondre à votre estime par la mienne, & je ne puis vous en donner une preuve plus sure qu’on osant tout gentilhomme que vous êtes, vous dire la vérité.

Je vous salue, Monsieur, de tout mon cœur.

SECONDE LETTRE AU MÊME.

Motiers le 6 Janvier 1764.

Quoi, Monsieur, vous avez renvoyé vos portraits de famille & vos titres ! vous vous êtes défait de votre cacher ! voilà bien plus de prouesses que je n’en aurois fait à votre place. J’aurois laissé les portraits où ils étoient ; j’aurois gardé mon cachet parce que je l’avois ; j’aurois laissé moisir mes titres dans leur coin, sans m’imaginer même que tout cela valût la peine d’en faire un sacrifice ; mais vous êtes pour les grandes actions. Je vous en félicite de tout mon cœur.

À force de me parler de vos doutes, vous m’en donnez d’inquiétans sur votre compte. Vous me faites douter s’il y a