Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t12.djvu/388

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votre cœur, de contenter la bienveillance dont vous m’honorez. Mais s’il se pouvoit que vous lui assignassiez plutôt la rente de la somme que la somme même, cela m’éviteroit l’embarras de chercher à la placer ; sorte d’affaire où je n’entends rien.

J’espere, Mylord, que vous aurez reçu ma précédente lettre. M’accorderez-vous des mémoires ? Pourrai-je écrire l’histoire de votre Maison ? Pourrai-je donner quelques éloges à ces bons Ecossois à qui vous êtes si cher, & qui, par -là, me sont chers aussi ?

LETTRE AU MÊME.

Avril 1764.

J’ai répondu très-exactement, Mylord, à chacune de vos deux lettres du 2 Février & du 6 Mars, & j’espere que vous serez content de ma façon de penser sur les bontés dont vous m’honorez dans la derniere. Je reçois à l’instant celle du 26 Mars, & j’y vois que vous prenez le parti que j’ai toujours prévu que vous prendriez à la fin. En vous menaçant d’une descente, le Roi l’a effectué, & quelque redoutable qu’il soit, il vous a encore plus surement conquis par éloge sa lettre,*

[*Voici cette lettre que la version qu’en a publiée M. d’A. dans son éloge de Lord Maréchal d’Ecosse, nous autorise à donner ici.

Je disputerois bien avec les habitans d’Edimbourg l’avantage de vous posséder ; si j’avois des vaisseaux, je méditerois une descente en Ecosse pour enlever mon cher Mylord & pour l’emmener ici ; mais nos barques de l’Elbe sont peu propres à une pareille expédition. Il n’y a que vous sur qui je puisse compter. J’étois ami de votre frere, je lui avois des obligations, je suis le vôtre de cœur & d’ame ; voilà mes titres ; voilà les droits que j’ai sur vous ; vous vivrez ici dans le sein de l’amitié, de la liberté & de la philosophie ; il n’y a que cela dans le monde, mon cher Mylord, quand on a passé par toutes les métamorphose des états, quand on a goûté de tout, on en revient là.] qu’il