Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t12.djvu/441

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Je suis bien éloigné, Monsieur, de renoncer aux pélerinages projettés. Si la serveur de la Botanique vous dure encore, & que vous ne rebutiez pas un éleve à barbe grise, je compte plus que jamais aller herboriser cet été sur vos pas. Mes pauvres Corses ont bien maintenant d’autres affaires que d’aller établir l’Utopie au milieu d’eux. Vous savez la marche des troupes Françoises ; il faut voir ce qu’il en résultera. En attendant, il faut gémir tout bas, & aller herboriser.

Vous me rendez fier en me marquant que Mlle. B*****. n’ose me venir voir à cause des bienséances de son sexe, & qu’elle a peur de moi comme d’un circoncis. Il y a plus de quinze ans que les jolies femmes me faisoient en France l’affront de me traiter comme un bon homme sans conséquence, jusqu’à venir dîner avec moi tête-à-tête dans la plus insultante familiarité, jusqu’à m’embrasser dédaigneusement devant tout le monde comme le grand-pere de leur nourrice. Graces au Ciel, me voilà bien rétabli dans ma dignité, puisque les Demoiselles me sont l’honneur de ne m’oser venir voir.

LETTRE À M. HIRZEL.

11 Novembre 1764.

Je reçois, Monsieur, avec reconnoissance la seconde édition du Socrate rustique, & les bontés dont m’honore son digne Historien. Quelque étonnant que soit le Héros de votre livre,