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LETTRE À M. D’IVERNOIS.

Paris te 18 Décembre 1765.

Avant-hier au soir, Monsieur, j’arrivai ici très-fatigué, très-malade, ayant le plus grand besoin de repos. Je n’y suis point incognito, & je n’ai pas besoin d’y être. Je ne me suis jamais caché, & je ne veux pas commencer. Comme j’ai pris mon parti sur les injustices des hommes, je les mets au pis sur toutes choses, & je m’attends à tout de leur part, même quelquefois à ce qui est bien. J’ai écrit en effet la lettre à M. le Baillif de Nidau ; mais la copie que vous m’avez envoyée, est pleine de contre-sens ridicules & de fautes épouvantables. On voit de quelle boutique elle vient. Ce n’est pas la premiere fabrication de cette espece, & vous pouvez croire que des gens si fiers de leurs iniquités, ne sont gueres honteux de leur falsifications. Il court ici des copies plus fidelles de cette lettre qui viennent de Berne, & qui sont assez d’effet. M. le Dauphin lui-même, à qui on l’a lue dans son lit de mort, en a paru touché, & a dit là-dessus des choses qui seroient bien rougir mes persécuteurs s’ils les savoient, & qu’ils fussent gens à rougir de quelque chose.

Vous pouvez m’écrire ouvertement chez Mde. Duchesne où je suis toujours. Cependant j’apprends à l’instant que M. le Prince de Conti a eu la bonté de me faire préparer un logement