Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t12.djvu/545

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de prévoir. Ils m’en affectent’d’autant plus cruellement ; & le trouble où ils me jettent, m’ôtant la liberté d’esprit nécessaire pour me bien conduire, tout ce que me dit la raison dans un état aussi triste, est de suspendre ma résolution sur toute affaire importante, telle qu’est pour moi celle dont il s’agit. Loin de me refuser aux bienfaits du Roi par l’orgueil qu’on m’impute, je le mettrois à m’en glorifier, & tout ce que j’y vois de pénible, est de ne pouvoir m’en honorer aux yeux du public comme aux miens propres. Mais lorsque je les recevrai, je veux pouvoir me livrer tout entier aux sentimens qu’ils m’inspirent, & n’avoir le cœur plein que des bontés de S. M. & des vôtres : je ne crains pas que cette façon de penser les puisse altérer. Daignez donc, Monsieur, me les conserver pour des tems plus heureux. Vous connoîtrez alors que je n’ai différé de m’est prévaloir que pour tâcher de m’en rendre plus digne.

Agréez, Monsieur, je vous supplie, mes très humbles salutations & mon respect.

LETTRE À M. H U M E.

Le 23 Juin 1766.

Je croyois que mon silence interprété par votre conscience, en disoit assez : mais puisqu’il entre dans vos vues de ne pas l’entendre, je parlerai.

Je vous connois, Monsieur, & vous ne l’ignorez pas. Sans liaisons antérieures, sans querelles, sans démêlés, sans nous