Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t4.djvu/60

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Je n’entrerai pas non plus dans de longs détails sur les soins que je prendrai pour ce seul objet ; on verra qu’ils entrent si nécessairement dans ma pratique, qu’il suffit d’en prendre l’esprit pour n’avoir pas besoin d’autre explication.

Avec la vie commencent les besoins. Au nouveau-né il faut une nourrice. Si la mère consent à remplir son devoir, à la bonne heure : on lui donnera ses directions par écrit ; car cet avantage a son contrepoids & tient le gouverneur, un peu éloigné de son élève. Mais il est à croire que l’intérêt de l’enfant & l’estime pour celui à qui elle veut bien confier un dépôt si cher rendront la mere attentive aux avis du maître ; & tout ce qu’elle voudra faire, on est sur qu’elle le fera mieux qu’une autre. S’il nous faut une nourrice étrangère, commençons par la bien choisir.

Une des misères des gens riches est d’être trompés en tout. S’ils jugent mal des hommes, faut-il s’en étonner ? Ce sont les richesses qui les corrompent ; et, par un juste retour, ils sentent les premiers le défaut du seul instrument qui leur soit connu. Tout est mal fait chez eux, excepté ce qu’ils y font eux-mêmes ; & ils n’y font presque jamais rien. S’agit-il de chercher une nourrice, on la fait choisir par l’accoucheur. Qu’arrive-t-il de là ? Que la meilleure est toujours celle qui l’a le mieux payé. Je n’irai donc pas consulter un accoucheur pour celle d’émile ; j’aurai soin de la choisir moi-même. Je ne raisonnerai peut-être pas là-dessus si disertement qu’un