Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t4.djvu/67

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enfans se renouveler, pour ainsi dire, eux-mêmes, & reprendre, au milieu des champs, la vigueur qu’on perd dans l’air malsain des lieux trop peuplés. Les femmes grosses qui sont à la campagne se hâtent de revenir accoucher à la ville : elles devroient faire tout le contraire, celles surtout qui veulent nourrir leurs enfants. Elles auroient moins à regretter qu’elles ne pensent ; et, dans un séjour plus naturel à l’espèce, les plaisirs attachés aux devoirs de la nature leur ôteroient bientôt le goût de ceux qui ne s’y rapportent pas.

D’abord, après l’accouchement, on lave l’enfant avec quelque eau tiède où l’on mêle ordinairement du vin. Cette addition du vin me paraît peu nécessaire. Comme la nature ne produit rien de fermenté, il n’est pas à croire que l’usage d’une liqueur artificielle importe a la vie de ses créatures.

Par la même raison, cette précaution de faire tiédir l’eau n’est non plus indispensable ; & en effet des multitudes de peuples lavent les enfants nouveau-nés dans les rivières ou a la mer sans autre façon. Mais les nôtres, amollis avant que de naître par la mollesse des pères & des mères, apportent en venant au monde un tempérament déjà gâté, qu’il ne faut pas exposer d’abord à toutes les épreuves qui doivent le rétablir. Ce n’est que par degrés qu’on peut les ramener à leur vigueur primitive. Commencez donc d’abord par suivre l’usage, et ne vous en écartez que peu à peu. Lavez souvent les enfants ; leur malpropreté en montre le besoin. Quand on ne fait que