Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t5.djvu/51

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dans ses jugements, que son entendement n’est que le pouvoir de comparer & de juger, on verra que sa fierté n’est qu’un pouvoir semblable, ou dérivé de celui-là ; n’est qu’un pouvoir semblable, ou dérivé de celui-la ; il choisit le bon comme il a jugé le vrai ; s’il juge faux, il choisit mal. Quelle est donc la cause qui, détermine sa volonté ? C’est son jugement. Et quelle est la cause qui détermine son jugement ? C’est sa faculté intelligente, c’est sa puissance de juger ; la cause déterminante est en lui-même. Passé cela, je n’entends plus rien.

Sans doute je ne suis pas libre de ne pas vouloir mon propre bien, je ne suis pas libre de vouloir mon mal ; mais ma liberté consiste en cela même que je ne puis vouloir que ce qui m’est convenable, ou que j’estime tel, sans que rien d’étranger à moi me détermine. S’ensuit-il que je ne sois pas mon maître, parce que je ne suis pas le maître d’être un autre que moi ?

Le principe de toute action est dans la volonté d’un être libre ; on ne saurait remonter au delà. Ce n’est pas le mot de liberté qui ne signifie rien, c’est celui de nécessité. Supposer quelque acte, quelque acte, quelque effet qui ne dérivé pas d’un principe actif, c’est vraiment supposer des effets sans cause, c’est tomber dans le cercle vicieux. Ou il n’y a point de première impulsion, ou toute première impulsion n’a nulle cause antérieure & il n’y a point de véritable volonté sans liberté. L’homme est donc libre dans ses actions, &, comme tel, animé d’une substance immatérielle, c’est mon troisième article de foi. De ces trois premiers vous déduirez aisément tous les autres, sans que je continue à les compter.