Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t7.djvu/245

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AVERTISSEMENT.


QUAND j’eus le malheur de vouloir parler au Public, je ſentis le besoin d’apprendre à écrire, & j’oſai m’eſſayer ſur Tacite. Dans cette vue, entendant médiocrement le latin, & ſouvent n’entendant point mon Auteur, j’ai dû faire bien des contre-ſens particuliers ſur ſes penſées ; mais ſi je n’en ai point fait un général ſur ſon eſprit, j’ai rempli mon but ; car je ne cherchois pas à rendre les phraſes de Tacite, mais ſon ſtyle, ni de dire ce qu’il a dit en latin, mais ce qu’il eût dit en François.

Ce n’eſt donc ici qu’un travail d’Ecolier, j’en conviens, & je ne le donne que pour tel : ce n’eſt de plus qu’un ſimple fragment, un eſſai, j’en conviens encore ; un ſi raide joûteur m’a bientôt laſſé. Mais ici les eſſais peuvent être admis en attendant mieux, & avant que d’avoir une bonne traduction complete, il faut ſupporter encore bien des thêmes. C’eſt une grande entrepriſe qu’une pareille traduction : quiconque en ſent aſſez la difficulté pour pouvoir la vaincre perſévérera difficilement. Tout homme en état de ſuivre Tacite est bientôt tenté d’aller ſeul.