Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t9.djvu/27

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Nation pour laquelle j’écrivois, de préférer son sentiment au mien sur le fond de la doctrine Harmonique. Je n’ai pas du cependant m’abstenir, dans l’occasion, des objections nécessaires à l’intelligence des articles que j’avois à traiter ; c’eût été sacrifier l’utilité du Livré au préjugé des Lecteurs ; c’eût été flatter sans instruire, & changer la déférence en lâcheté.

J’exhorte les Artistes & les Amateurs de lire ce Livré sans défiance, & de le juger avec autant d’impartialité que j’en ai mis à l’écrire. Je les prie de considérer que ne professant pas, je n’ai d’autre intérêt ici que celui de l’Art, & quand j’en aurois, je devrois naturellement appuyer en faveur de la Musique Françoise, où je puis tenir une place, contre l’Italienne où je ne puis être rien. Mais cherchant sincérement le progrès d’un Art que j’aimois passionnément, mon plaisir a fait taire ma vanité. Les premieres habitudes m’ont long-tems attaché à la Musique Françoise, & j’en étois enthousiaste ouvertement. Des comparaisons attentives & impartiales m’ont entraîné vers la Musique Italienne, & je m’y suis livré avec la même bonne-foi. Si quelquefois j’ai plaisanté, c’étoit pour répondre aux autres sur leur propre ton ; mais je n’ai pas, comme eux, donne des bons-mots pour toute preuve, & je n’ai plaisanté qu’après avoir raisonné. Maintenant que les malheurs & les maux m’ont enfin