Page:Rousseau - Du Contrat social éd. Beaulavon 1903.djvu/144

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IJ4 DU CONTRAT SOCIAL

Mais il n'en est pas ainsi des sujets envers le souverain, auquel, malgré l'intérêt commun, rien ne répondrait de leurs engagements, s'il ne trouvait des moyens de s'assurer de leur fidélité.

En effet, chaque individu peut, comme homme, avoir une volonté particulière contraire ou dis- semblable à la volonté générale qu'il a comme citoyen ( 1 ). Son intérêt particulier peut lui parler tout autrement que l'intérêt commun ; son existence absolue, et naturellement indépendante, peut lui faire envisager ce qu'il doit à la cause commune comme une contribution gratuite, dont la perte sera moins nuisible aux autres que le payement n'en est onéreux pour lui; et regardant la personne morale qui constitue l'Etat comme un être de raison, parce que ce n'est pas un homme, il jouirait des droits du citoyen sans vouloir remplir les devoirs du sujet, injustice dont le progrès causerait la ruine du corps politique.

Afin donc que le pacte social ne soit pas un vain formulaire, il renferme tacitement cet engagement, qui seul peut donner de la force aux autres, que quiconque refusera d'obéir à la volonté générale y sera contraint partout le corps ( 2 ) : ce qui ne signifie autre chose sinon qu'on le forcera d'être libre ( 3 ) ;

(M Exemple: Pierre a, comme tous les autres citoyens, pour volonté générale que les impôts soient régulièrement payés. Mais s'il oublie les liens qui l'attachent au corps social pour ne considérer que sa personne individuelle, il peut avoir la volonté particulière d'esquiver le paiement de sa part contributive.

(-) C'est-à-dire, par tout le corps social, par la puissance collective du souverain.

( :i ) La liberté véritable est, en effet, comme on va le

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