Page:Rousseau - Du Contrat social éd. Beaulavon 1903.djvu/153

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

LIVRE PREMIER iZj'i

qu'apparente et illusoire : elle ne sert qu'à maintenir le pau- vre dans sa misère et le riche dans son usurpation. Dans le fait, les lois sont toujours utiles à ceux qui possèdent et nuisibles à ceux qui n'ont rien : d'où il suit que l'état social n'est avantageux aux hommes qu'autant qu'ils ont tous quelque chose et qu'aucun d'eux n'a rien de trop. (Note de Rousseau). — Cette note semble faire allusion au Discours sur L'origine de Vlnêgalité,oi\ il a été montré qu'une mauvaise organisation de la propriété peut établir entre les hommes une inégalité civile détestable. Rousseau semble admettre, avec beaucoup d'économistes modernes, que la liberté et l'égalité de tous resteront illusoires tant qu'on ne garantira pas à chacun un minimum de propriété, individuelle ou collective. La loi ne peut produire ses effets utiles que pour ceux qui possèdent. — Voir livre II, ch. ix.

( :t ) Il y a donc une certaine inégalité naturelle, qui vient de la diversité des facultés physiques et intellectuelles, et une inégalité sociale qui consiste à reconnaître plus de droits ou à imposer plus d'obligations aux uns qu'aux autres. Le contrat social efface ou plutôt oublie la première et met tous les hommes, au point de vue social, sur un pied d'égalité parfaite. Mais il s'agit ensuite d'empêcher que ce qui subsiste en fait d'inégalité naturelle ne fasse renaître l'inégalité sociale : c'est en cela que se distinguent les bons et les mauvais gouvernements.

�� �