Page:Rousseau - Du Contrat social éd. Beaulavon 1903.djvu/160

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ÎOO DU CONTRAT SOCIAL

tius, réfugié en France, mécontent de sa patrie, et voulant faire sa cour à Louis XIII, à qui son livre est dédié, n'épargne rien pour dépouiller les peuples de tous leurs droits et pour en revêtir les rois avec tout l'art possible. C'eût bien été aussi le goût de Barbeyrac, qui dédiait sa traduction au roi d'Angle- terre George I er . Mais malheureusement l'expulsion de Jacques II, qu'il appelle abdication, le forçait à se tenir sur la réserve, à gauchir, à tergiverser, pour ne pas faire de Guillaume un usurpateur. Si ces deux écrivains avaient adopté les vrais principes, toutes les difficultés étaient levées, et ils eussent été toujours conséquents ; mais ils auraient tristement dit la vérité et n'auraient fait leur cour qu'au peuple. Or, la vérité ne mène point à la fortune, et le peuple ne donne ni ambassades, ni chaires, ni pensions.

��CHAPITRE III

��SI LA VOLONTE GENERALE PEUT ERRER

Il s'ensuit de ce qui précède que la volonté géné- rale est toujours droite et tend toujours à l'utilité publique ; mais il ne s'ensuit pas que les délibéra- tions du peuple aient toujours la même rectitude. On veut toujours son bien, mais on ne le voit pas toujours ; jamais on ne corrompt le peuple, mais souvent on le trompe, et c'est alors seulement qu'il paraît vouloir ce qui est mal (').

i 1 ) Rousseau applique ici à la volonté générale le fameux raisonnement de Socrate, relatif aux individus :

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