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LIVRE QUATRIÈME 289

Après la fondation de Rome (*), la république, naissante, c'est-à-dire l'armée du fondateur, com- posée d'Albains, de Sabins et d'étrangers, fut divisée en trois classes, qui de cette division prirent le nom de tribus. Chacune de ces tribus fut subdivisée en dix curies, et chaque curie en décuries, à la tête des- quelles on mit des chefs, appelés curions et décurions.

Outre cela, on tira de chaque tribu un corps de cent cavaliers ou chevaliers, appelé centurie; par où l'on voit que ces divisions, peu nécessaires dans un bourg, n'étaient d'abord que militaires. Mais il semble qu'un instinct de grandeur portait la petite ville de Rome à se donner d'avance une police ( 2 ) convenable à la capitale du monde.

De ce premier partage résulta bientôt un incon- vénient : c'est que la tribu des Albains (a) et celle des Sabins (b) restant toujours au même état, tandis que celle des étrangers (c) ( 3 ) croissait sans cesse parle concours perpétuel de ceux-ci, cette dernière ne tarda pas à surpasser les deux autres. Le remède

( 1 ) Les historiens modernes ont modifié sur plusieurs points ces théories, classiques à l'époque de Rousseau et qui restent vraies dans leurs grandes lignes. Rousseau con- naissait et comprenait très bien l'histoire romaine. U s'ins- pirait des Discours sur Tite-Live, de Machiavel, et surtout du traité de Sigonius, De legibus romanis (Voir lettre à Dutens, 21 mars 1761). — Je signalerai seulement les points les plus importants où il convient de rejeter ses théories.

( 2 ) Même sens que ci-dessus, page 287.

(a) Ramnenses. (Note de Rousseau).

(b) Tatienses. (Note de Rousseau).

(c) Luceres. (Note de Rousseau).

( 3 ) Mommsen considère cette troisième tribu comme ayant également une origine latine.

R. - 9.

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