Page:Rousseau - Du Contrat social éd. Beaulavon 1903.djvu/313

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LIVRE QUATRIÈME 3o3

en imposer au peuple, n'en imposait pas à ceux qui le gouvernaient; tantôt on convoquait brusquement une assemblée avant que les candidats eussent eu le temps de faire leurs brigues; tantôt on consumait toute une séance à parler, quand on voyait le peuple gagné prêta prendre un mauvais parti. Mais enfin l'ambition éluda tout, et, ce qu'il y a d'in- croyable, c'est qu'au milieu de tant d'abus ce peuple immense, à la faveur de ses anciens règlements, ne laissait pas d'élire les magistrats, de passer les lois, de juger les causes, d'expédier les affaires particulières et publiques, presque avec autant de facilité qu'eût pu faire le sénat lui-même.

��chapitre; v

��DU TRIBUNAT

��Quand on ne peut établir une exacte proportion entre les parties constitutives de l'État, ou que des causes indestructibles en altèrent sans cesse les rapports, alors on institue une magistrature particu- lière qui ne fait point corps avec les autres, qui replace chaque terme dans son vrai rapport, et qui fait une liaison ou un moyen terme soit entre le prince et le peuple, soit entre le prince et le souverain, soit à l'a fois des deux côtés, s'il est nécessaire ( 1 ).

( l ) La fonction de ce corps intermédiaire est de veiller à ce que toute la puissance du souverain soit concentrée

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