Page:Rousseau - Du Contrat social éd. Beaulavon 1903.djvu/314

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3o4 DU CONTRAT SOCIAL

Ce corps, que j'appellerai tribunat ('), est le conservateur des lois et du pouvoir législatif. Il sert quelquefois à protéger le souverain contre le gouvernement ( 2 ), comme faisaient à Rome les tribuns du peuple ; quelquefois à soutenir.le gouver- nement contre le peuple ( 3 ), comme fait main- tenant à Venise le conseil des Dix ; et quelquefois à maintenir l'équilibre de part et d'autre, comme faisaient les éphores à Sparte.

Le tribunat n'est point une partie constitutive de la cité, et ne doit avoir aucune portion de la puissance législative ni de l'executive; mais c'est en cela même que la sienne est plus grande ; car, ne pouvant rien faire, il peut tout empêcher. 11 est plus sacré et plus révéré, comme défenseur des lois, que le prince qui les exécute et que le souverain qui les donne. C'est ce qu'on vit bien clairement à Rome, quand ces fiers patriciens, qui méprisèrent toujours le peuple entier, furent forcés de fléchir

entre les mains du prince et à ce que celui-ci la dépense tout entière dans l'intérêt de l'État. Ainsi, un nouveau terme s'intercale dans la série de rapports établis au Liv. III, ch. i (voir aussi en. ni et vu), et, si nous appelons T le tribunat. on a les deux nouvelles proportions suivantes

S T Q T

T — G et T - E .

(') Le sens que Rousseau donne ici à ce mot est notable- ment différent de celui qu'il avait chez les Romains et plus encore de celui qu'il reçut dans les constitutions du Consu- lat et de l'Empire. L'institution que propose Rousseau n'a jamais été réalisée.

( 2 ) En aidant le souverain à manifester et à faire prévaloir sa volonté.

( 3 ) En aidant le gouvernement à se faire obéir du peuple.

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