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26 Histoire critique de la rédaction des confessions

d’usurper ce qui ni; m’appartenait pas; mais, si je \a. conserve, elle m’en deviendra plus chère, comme étant plus à moi.’: (g)

Sur ces entrefaites la vie extérieure de Rousseau svait pris une notoriété peu désirable. De l’Arrest* du Parlement de Paris contre l’auteur à’Emile prononcé le 9 juin 1762, date pour lui la triste partie de sa vie, où il acquit la célébrité des malheurs*, dont »le bruit . , a rempli l’Europe-i. (to) sVous me parlez de ma vie* , écrit-il-à Rey, Motiers le j6 novembre 1762; »on me fournit comme vous voyez, d’amples mémoires pour l’augmenter

Depuis six mois ma vie est devenue malheureusement

un ouvrage d’importante, qui demande du temps et des ré- flexions.! (11) Alors s’ occupant des matériaux de ses mémoires il isouhaitait ardemment d’avoir une copiet des quatre lettres à M. DE Malesherbes, et la sollicita par sa lettre du 26 octobre 1762, (lï)

En attendant, ses ennemis se gardaient bien de lui laisser le loisir et la tranquillité nécessaires. »It faut«, s’écrie-t-il, ^malgré moi reprendre la plume;( (13) et ^pour défendre sa personne* il écrivait en 1762 le chefd ’ œuvre : »J. J. Rousseau citoyen de Genève, à Christophe de Beaumont, archevêque de Paris etc.« C’est la dernière fois qu’il a signé «citoyen de Genève«. Par la lettre du T2 mai 1763 à M. Favre, premier syndic de la République de Genève, il ^abdiqua à perpétuité son droit de bourgeoisie et de cité dans la ville et république de Genèvei, (14) •Cette démarche ouvrit enfin les yeux aux citoyens* (15) et causa dans sa patrie des troubles qui ne cessèrent qu’en 1768. Rousseau y jouait un grand rôle, et pour sfaire son apologie et celle de la bourgoisie de Genève<t il composa en 1764 les ^Lettres écrites de la Montagne^..

Malgré ces travaux difRciles et étendus, Rousseau ne perdit jamais de vue ses mémoires, et, profitant de l’occasion, il donna, dans l’exorde de sa lettre à l’archevêque de Paris, une esquisse de l’histoire de sa vie publique, qui est un des plus beaux morceaux sortis de sa plume incomparable, (lâ)

On conçoit, que les amis intimes de Rousseau ne cessèrent jamais de l’exhorter à composer l’histoire de sa vie. lOn m’a dit. lui écrivait MoULTOU de Genève, le 4 janvier 1763, »que vous aviez écrit des mémoires sur votre vie, et que vous les avez remis en dépôt à M. de Montmollin (pasteur de Motiers).

(9) ibid. 310.

(10) Félix Bovet, Fragments etc. p. 9.

(il) Boscha, Rousseau à Rey; le 16 novembre 1762. p. 172,

(11) Voyez: noie S.

(13) V. nott .1.

(14) Oeuvres compl. Corresp. IX. p. 61. {15) Oeuvres compl. Confessions IX. p. 48.

(16) Oettvret eempl. J. J. Rousseau, citoyen de Genève à Christophe de Beaumont etc. 111. p. 58 — 62.