Page:Roussel - Impressions d Afrique (1910).djvu/11

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avec de grands gestes pour aller se jeter bravement dans une lointaine mêlée. Le défilé continuel offrait sans cesse de nouvelles surprises stratégiques grâce à la multiplicité infinie des effets obtenus.


En face de moi, à l’autre extrémité de l’esplanade, s’étendait une sorte d’autel précédé de plusieurs marches que recouvrait un moelleux tapis ; une couche de peinture blanche veinée de lignes bleuâtres donnait à l’ensemble, vu de loin, une apparence de marbre.

Sur la table sacrée, figurée par une longue planchette placée à mi-hauteur de l’édifice et cachée par un linge, on voyait un rectangle de parchemin maculé d’hiéroglyphes et mis debout près d’une épaisse burette remplie d’huile. À côté, une feuille plus grande, faite d’un fort papier de luxe, portait ce titre soigneusement tracé en gothique : « Maison régnante de Ponukélé-Drelchkaff » ; sous l’en-tête, un portrait rond, sorte de miniature finement coloriée, représentait deux jeunes Espagnoles de treize à quatorze ans coiffées de la mantille nationale ― deux sœurs jumelles à en juger par la ressemblance parfaite de leurs visages; au premier abord,