Page:Roussel - Impressions d Afrique (1910).djvu/148

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Djizmé, jeune indigène gracieuse et belle, qui, depuis la triple exécution du début, était demeurée seule derrière la sombre grille.

Djizmé, sans opposer de résistance, vint s’allonger sur la natte blanche, entrant d’elle-même sa tête dans la calotte de fer et ses pieds dans les souliers rigides.

Prudemment, Rao et ses aides s’écartèrent du dangereux appareil, qui resta complètement isolé.

Dès lors Djizmé prit à deux mains une carte en parchemin suspendue à son cou par un fin cordon, puis la regarda longuement, tout en profitant de la lueur des éclairs pour l’exposer parfois aux yeux de tous avec une expression de joie et d’orgueil ; un nom hiéroglyphique, tracé au milieu du souple rectangle, était souligné à distance, vers la droite, par un triple dessin exigu représentant trois différentes phases lunaires.

Bientôt Djizmé laissa tomber la carte et fit obliquer ses regards, qui, normalement postés pour contempler de face le théâtre rouge, allèrent se fixer sur Naïr ; celui-ci, toujours retenu sur son socle, avait abandonné son délicat travail depuis l’apparition de la condamnée, qu’il dévorait des yeux.

À ce moment le tonnerre grondait sans interruption, et les éclairs devenaient assez fréquents pour donner l’illusion d’un jour factice.