Page:Roussel - Impressions d Afrique (1910).djvu/181

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Bientôt un second tableau s’édifia, aussi resplendissant que l’autre et pareillement inhérent à la contexture végétale fine et translucide.

Ici, une large dune aux tons d’or gardait sur sa pente aride différentes empreintes de pas. Le poète de la première image, penché sur le sol friable, posait doucement ses lèvres sur la trace profonde d’un pied gracieux et menu.

Après une immobilité de quelques instants, les atomes, pris de vertige, recommencèrent leur troublant manège, qui amena un troisième aperçu plein de vie et de couleur.

Cette fois le poète n’était plus seul ; auprès de lui un Chinois en robe violette montrait du doigt un gros oiseau de proie, dont le vol majestueux avait sans doute quelque signification prophétique.

Une nouvelle crise de la plante sensitive mit en scène, dans un curieux laboratoire, le même Chinois recevant du poète quelques pièces d’or en échange d’un manuscrit offert et accepté.

Chaque étrange aspect de la plante avait la même durée ; peu à peu les tableaux suivants défilèrent sur l’écran plafonnant.

Au laboratoire succéda une salle de festin richement décorée. Assis à la table toute servie, le marchand gras et barbu flairait un plat soulevé dans ses deux mains. Ses yeux se fermaient lourdement sous l’influence de l’appétissant fumet