Page:Roussel - Impressions d Afrique (1910).djvu/184

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la série, qui fut suivie d’un troisième cycle exactement pareil aux deux premiers. Indéfiniment la plante répétait ses curieuses révolutions moléculaires, qui semblaient liées à sa propre existence.

Quand, pour la quatrième fois, le jardin initial revint avec son bassin, tous les regards, lassés par la monotonie du spectacle, s’abaissèrent sur Fogar toujours inanimé.

Le corps du jeune nègre et les objets placés sur les bords de la couche étaient couverts de reflets multicolores provenant de l’étrange ciel de lit.

Comme les dalles d’une église reproduisant au soleil les moindres finesses d’un vitrail, tout l’espace occupé par le cadre plagiait servilement les contours et les couleurs fixés sur l’écran.

On reconnaissait les personnages, le jet d’eau, la façade du palais, qui, agrandis par projection, teignaient somptueusement, en épousant leurs formes variées à l’infini, les divers obstacles ou aspérités livrés par le hasard.

Les effluves polychromes débordaient largement sur le sol, où se découpaient par endroits des ombres fantastiques.

Sans même lever les yeux vers la plante, on remarquait malgré soi chaque changement ponctuel, amenant par réverbération un nouveau tableau déjà familier et prévu.