Page:Roussel - Impressions d Afrique (1910).djvu/188

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force, agrippèrent délicatement le caillot pour le porter à quelques ventouses, qui, détachées du poteau, se régalèrent sans retard.

Quand la proie fut assimilée entièrement, la frange se hissa par le même chemin jusqu’à la haute travée, où elle reprit sa position familière.

Le dernier caillot fut déposé par Fogar au fond du récipient occupé par le savon blanc.

Soudain on vit bouger la mousse épaisse étalée sur la partie supérieure du bloc uni et glissant.

Un troisième animal venait de révéler sa présence jusqu’alors dissimulée par une immobilité absolue jointe à un aspect déroutant.

Certaine carapace neigeuse recouvrait le corps de l’étrange bête, qui, rampant avec lenteur, laissait échapper à intervalles réguliers un hoquet sec et plaintif.

Les reflets du ciel de lit prenaient une vigueur toute spéciale sur le tégument immaculé, qui se teignait avec une netteté remarquable.

Parvenu au bord du savon, l’animal descendit la pente à pic, afin de gagner le fond plat du récipient ; là, plein de goinfrerie impatiente, il engloutit le caillot de sang, puis s’immobilisa en silence pour commencer avec lourdeur une digestion calme et voluptueuse.