Page:Roussel - Impressions d Afrique (1910).djvu/213

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rapide, courbaient le front avec un air de profonde préoccupation ; d’autres, plus calmes, devisaient par couples flâneurs, tandis que deux amis, en se croisant, échangeaient de loin un salut familier.

Recommandant, ainsi qu’un photographe, la plus complète immobilité aux figurants, Louise, postée près de la plaque, enleva le couvercle d’un coup sec, puis refit son détour habituel pour venir surveiller de plus près le manège du crayon.

Le mécanisme, renouvelé en même temps que modifié par l’action du ressort pressé sur la sphère, ramena doucement le bras articulé vers la gauche. Le crayon se mit à courir de haut en bas sur le papier blanc, suivant les mêmes sections verticales précédemment frayées par les pinceaux.

Cette fois nul déplacement vers la palette, nul changement d’outil, nulle trituration de couleurs, ne retardaient la besogne, qui avançait promptement. Le même paysage apparaissait dans le fond, mais son intérêt, maintenant secondaire, était annihilé par les personnages du premier plan. Les gestes, pris sur le vif, ― les habitus, très définis, ― les silhouettes, curieusement amusantes, ― et les visages, criants de ressemblance, ― avaient l’expression voulue, tantôt sombre, tantôt joyeuse. Tel corps, un peu