Page:Roussel - Impressions d Afrique (1910).djvu/229

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Ces chimères devaient bientôt se changer en brusque réalité.

Un jour, debout sur une terrasse de l’hôtel baignée par la mer, Séil-kor pêchait à la ligne avec son amie, ravissante dans une robe bleu marine qu’il chérissait passionnément.

Tout à coup Nina poussa un cri de joie en apercevant au bout de son hameçon, qu’elle venait de soulever hors de l’eau, un poisson lourd et frétillant. Amenant à elle l’extrémité du fil, elle prit sa proie avec force afin de la décrocher. Mais au premier contact elle reçut une commotion soudaine et s’affala sans connaissance. Le poisson, sorte de raie d’apparence inoffensive, n’était autre qu’une torpille, dont la décharge électrique avait causé ce résultat inattendu.

Séil-kor saisit Nina dans ses bras et la porta jusqu’à l’hôtel, où, devant son père et sa mère promptement accourus, elle reprit vite ses sens après cet engourdissement sans gravité.

Ses premières inquiétudes dissipées, Séil-kor bénit l’aventure qui, réalisant son rêve, lui avait permis d’étreindre un moment sa bien-aimée compagne.

La fête de Nina tombait quelques jours après cet événement. Laubé voulut, à cette occasion, donner un petit bal d’enfants auquel seraient conviées les quelques familles européennes séjournant dans la ville.