Page:Roussel - Impressions d Afrique (1910).djvu/241

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aggravée pendant le dangereux somme sur le lit de mousse.

Les parents de Nina furent aussitôt prévenus, et la fillette dut s’aliter sans retard.

Hélas! ni les ressources de la science ni les multiples attentions d’un entourage passionnément dévoué ne purent triompher du mal terrible, qui, en moins d’une semaine, enleva la pauvre enfant à l’affection idolâtre des siens.

Après cette mort soudaine, Séil-kor, fou de désespoir, prit en horreur les lieux jusqu’alors divinement éclairés par la présence de son amie. La vue des sites maintes fois contemplés avec Nina lui rendait odieux l’horrible contraste entre son deuil actuel et son bonheur passé. D’ailleurs la saison froide épouvantait le jeune nègre, qui, au fond du cœur, gardait la nostalgie du soleil africain. Un jour, déposant sur sa table, à l’adresse de son cher protecteur, une lettre pleine d’affection, de reconnaissance et de regrets, il s’enfuit du château en emportant comme de saintes reliques la toque, la fraise et le loup confectionnés par Nina.

S’employant à divers travaux dans les fermes rencontrées sur son passage, il parvint à réunir une somme suffisante pour payer son voyage jusqu’à Marseille. Là, il s’engagea comme chauffeur à bord d’un navire appelé à longer les côtes occidentales de l’Afrique. Pendant une relâche à