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un an après la naissance de Sirdah, donna le jour à un fils dont tous les traits rappelaient ceux de Mossem.

Talou, heureusement, ne remarqua pas la fatale ressemblance. Néanmoins ce fils resta éloigné de son cœur, où Sirdah garda la plus belle place.

D’après une loi instituée par Souann, chaque souverain, à sa mort, était remplacé par son premier enfant, fille ou garçon. Deux fois déjà, dans chacune des branches rivales, des filles avaient dû régner ; mais toujours leur mort prématurée avait transmis à un frère les droits au rang suprême.

Mossem et Rul conçurent l’affreux projet de faire disparaître Sirdah pour que leur fils pût un jour être empereur.

Sur ces entrefaites, Talou, rempli d’instincts belliqueux, partit pour une longue campagne en laissant le pouvoir à Mossem, qui, pendant l’absence du monarque, devait exercer une autorité absolue.

Les deux complices saisirent cette occasion si favorable à l’exécution de leur plan.

Au nord-est d’Éjur s’étendait la Vorrh, immense forêt vierge où nul n’osait s’aventurer, à cause de certaine légende qui peuplait ses ombrages de génies malfaisants. Il suffisait d’y abandonner Sirdah, dont le corps, protégé par la