Page:Roussel - Impressions d Afrique (1910).djvu/26

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à la table sommairement garnie, Talou fit approcher Rao, qui tenait à deux mains, en le présentant à l’envers, le lourd manteau du sacre. L’empereur, se baissant, entra sa tête et ses bras dans trois ouvertures ménagées au milieu du tissu, dont les larges plis, en retombant, l’enveloppèrent bientôt jusqu’aux pieds.

Ainsi paré, le monarque se tourna orgueilleusement vers l’assemblée comme pour offrir à tous les regards son nouveau costume.

L’étoffe, riche et soyeuse, figurait une grande carte de l’Afrique, avec indications principales de lacs, de fleuves et de montagnes.

Le jaune pâle des terres tranchait sur le bleu nuancé de la mer, qui s’étendait de tous côtés aussi loin que l’exigeait la forme générale du vêtement.

De fines zébrures d’argent rayaient en zigzags courbes et harmonieux la surface de l’Océan, afin d’évoquer, par une sorte de schéma, la continuelle ondulation des vagues.

Seule, la moitié sud du continent était visible entre le cou et les chevilles de l’empereur.

Sur la côte occidentale, un point noir, accompagné de ce nom « Éjur », était situé près de l’embouchure d’un fleuve dont la source, assez avant dans l’est, sortait d’un massif montagneux.

Des deux côtés du vaste cours d’eau, une