Page:Roussel - Impressions d Afrique (1910).djvu/262

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ce caprice ; la présence de Djizmé suffirait d’ailleurs à écarter de son esprit tout malencontreux soupçon.

Naïr, qui avait chaque soir rendez-vous avec son amie, fut dépité en apprenant par elle l’événement qui les empêchait de se rejoindre. Résolu à se rapprocher quand même de Djizmé, il conçut un audacieux projet qui devait le faire assister en cinquième à la réunion du Béhuliphruen.

Mais, ce jour-là, Djizmé donnait audience au flot habituel de ses solliciteurs ; la réception étant commencée, Naïr ne pourrait plus avoir avec la jeune femme le long entretien particulier nécessité par l’exposition assez complexe de son plan.

Aussi lettré qu’artiste, Naïr connaissait l’écriture ponukéléienne, qu’il avait enseignée à Djizmé au cours de leurs entrevues fréquentes et prolongées. Il prit le parti d’écrire à son amie toutes les urgentes recommandations qu’il ne pouvait lui détailler de vive voix.

La lettre fut libellée sur parchemin, puis, au milieu de la cohue, passa habilement des mains de Naïr dans celles de Djizmé, qui la glissa vite dans son pagne.

Mais Mossem, qui errait parmi la multitude, avait surpris la manœuvre clandestine. Bientôt, enlaçant Djizmé habituée à recevoir de lui en