Page:Roussel - Impressions d Afrique (1910).djvu/297

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

apparus à nos yeux lors de l’échouement, avaient en moins d’une semaine, par suite d’un va-et-vient continuel, transporté à Éjur le butin complet de notre malheureux navire, fréquemment visité par la foule des passagers.

Ce départ marqua pour nous le début d’une vie monotone et fastidieuse. Nous appelions à grands cris l’heure de la délivrance, dormant la nuit à l’abri des cases réservées pour notre usage et passant nos journées à lire ou à parler français avec Sirdah, toute joyeuse de connaître des compatriotes de Velbar.

Pour nous créer une source d’occupations et d’amusements, Juillard émit alors la pensée de fonder, au moyen d’un groupement d’élite, une sorte de club étrange dont chaque membre serait tenu de se distinguer soit par une œuvre originale, soit par une exhibition sensationnelle.

Les adhésions affluèrent aussitôt, et Juillard, auquel revenait l’honneur de l’idée première, dut accepter la présidence de la nouvelle association, qui prit le titre prétentieux de « Club des Incomparables ». Chaque inscrit aurait à se préparer pour une grande représentation de gala destinée à fêter le retour libérateur de Séil-kor.

Le club ne pouvant se passer de siège central, Chènevillot s’offrit pour élever une petite construction