Page:Roussel - Impressions d Afrique (1910).djvu/347

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voulu honorer le triomphateur en semant sur ses pas l’âme délicate et subtile des plus merveilleux pétales.

Un fait divers plus moderne rappelait à Soreau son séjour en Italie.

Il s’agissait du prince Savellini, cleptomane incorrigible qui, malgré son immense fortune, hantait les gares de chemins de fer et en général tous les lieux encombrés par la foule, faisant chaque jour, avec la plus miraculeuse habileté, une abondante moisson de montres et de porte-monnaie.

La folie du prince le portait surtout à dévaliser les pauvres. Vêtu avec une suprême élégance et paré d’inestimables bijoux, il se rendait dans les quartiers miséreux de Rome, recherchant avec raffinement les poches les plus crasseuses pour y plonger ses mains chargées de bagues.

Arrivé un jour dans une rue mal famée, repaire de filles et de souteneurs, il avisa de loin un rassemblement qui lui fit aussitôt presser le pas.

En s’approchant il distingua trente ou quarante rôdeurs de la pire espèce, enfermant dans leur cercle attentif deux des leurs qui se battaient à coups de couteau.

Le prince crut voir un nuage qui passait devant ses yeux ; jamais pareille occasion de satisfaire