Page:Roussel - Impressions d Afrique (1910).djvu/43

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d’acrobate, composée d’un maillot rose et d’un caleçon de velours noir.

Les deux aînés, Hector et Tommy, adolescents pleins de souple vigueur, portaient chacun dans un solide tambourin six balles de caoutchouc foncé ; ils marchèrent en sens contraire et bientôt se firent face, arrêtés sur deux points fort distants.

Soudain, poussant un léger cri en guise de signal, Hector, placé devant notre groupe, se servit de son tambourin pour lancer, une par une, ses six balles à toute volée.

En même temps que lui, Tommy, debout au pied de l’autel, venait de projeter successivement, avec son disque résonnant tenu dans la main gauche, tous ses projectiles de caoutchouc, qui se croisèrent avec ceux de son frère.

Ce premier travail accompli, chaque jongleur se mit à repousser individuellement les balles de son vis-à-vis, effectuant un continuel échange qui se prolongea ensuite sans interruption. Les tambourins vibraient simultanément, et les douze projectiles formaient une sorte d’arche allongée toujours en mouvement.

Grâce à la parfaite similitude de leurs gestes, jointe à une grande ressemblance d’aspect, les deux frères, dont l’un était gaucher, donnaient l’illusion de quelque sujet unique reflété par un miroir.