Page:Roussel - Impressions d Afrique (1910).djvu/454

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L’œuf, parfaitement frais, venait d’être pondu par une des poules embarquées à Marseille sur le Lyncée.

Olga Tcherwonenkoff, les cheveux et le buste ornés de feuillages pris dans le Béhuliphruen, s’était affublée d’un costume de danseuse péniblement improvisé par ses soins. Hector Boucharessas avait cédé un de ses maillots de rechange, qui, patiemment découpé puis recousu, emprisonnait maintenant les jambes et les cuisses de l’imposante matrone ; plusieurs rideaux de fenêtre, choisis dans le stock du tapissier Beaucreau, avaient fourni le tulle de la jupe, et l’ensemble était complété par un corsage bleu de ciel largement décolleté, provenant d’une robe de cérémonie emportée par la Livonienne en vue de soirées à passer dans les grands théâtres de Buenos-Ayres.

Jadis, au moment d’exécuter en scène le Pas de la Nymphe, Olga, svelte et légère, apparaissait montée sur une biche, au milieu d’un décor forestier sauvage et profond. Soucieuse de réaliser une entrée semblable, l’ex-danseuse comptait se faire porter par Sladki, car un essai tenté la veille avait montré que le gracieux animal était de force à subir pendant quelques instants le poids énorme de sa maîtresse.

En attendant l’heure de se produire, l’élan