Page:Roussel - Impressions d Afrique (1910).djvu/55

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guetter l’apparition en plein ciel de quelque visiteur attendu.

Plusieurs minutes passèrent silencieusement.

Soudain Rhéjed poussa une triomphante exclamation en désignant vers le sud un immense oiseau de proie qui, planant assez haut, se rapprochait rapidement.

À la vive joie de l’enfant, le volatile au brillant plumage noir vint s’abattre sur la porte, en posant auprès du rongeur ses deux pattes minces presque aussi hautes que celles d’un échassier.

Au-dessus du bec crochu, deux ouvertures frémissantes, pareilles à des narines, semblaient douées d’une grande puissance olfactive.

La senteur révélatrice s’était propagée sans doute jusqu’au repaire de l’oiseau, qui, attiré d’abord et guidé ensuite par un odorat subtil, avait découvert sans tâtonnements la proie offerte à sa voracité.

Un premier coup de bec, avidement appliqué sur le cadavre, fut suivi d’un cri perçant jeté par Rhéjed, qui fit avec ses deux bras un grand geste ample et farouche.

Effrayé à dessein, l’oiseau, déployant ses ailes gigantesques, s’envola de nouveau.

Mais ses pattes, prises par la glu tenace, entraînèrent la porte, qui s’éleva horizontalement dans les airs sans abandonner l’étoffe rouge soudée à sa face inférieure.