Page:Roussel - Impressions d Afrique (1910).djvu/64

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fluctuations, réglées avec soin par le chimiste dans l’ambiance hyperboréenne, firent entendre une foule de récitatifs et de romances, chantés par des voix d’hommes ou de femmes dont le timbre et le registre offraient la plus grande variété. La harpe et le clavier se partageaient la besogne secondaire, accompagnant alternativement les morceaux tantôt gais, tantôt tragiques, de l’inépuisable répertoire.

Voulant mettre en valeur la souplesse inouïe de son prodigieux métal dont aucun fragment n’était visible, Bex fit pivoter la manette rouge et attendit quelques secondes.

La glacière ne fut pas longue à se changer en fournaise, et le thermomètre monta jusqu’à ses degrés extrêmes. Un groupe de flûtes et de fifres rythma immédiatement une marche entraînante sur des battements de tambour secs et réguliers. Là encore, différentes oscillations thermiques produisirent des résultats imprévus. Plusieurs solos de fifre, soutenus discrètement par la fanfare de cuivre, furent suivis d’un gracieux duo qui, basé sur une imitation de l’écho, présentait toujours deux fois de suite les mêmes vocalises, exécutées successivement par une flûte et par une souple voix de soprano émanant du phonographe.

Le fluide violet, dilaté de nouveau, s’éleva jusqu’au sommet du tube, qui parut prêt à éclater. Plusieurs personnes se reculèrent, subitement