Page:Ruskin - Les Pierres de Venise.djvu/177

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
2° LE PALAIS GOTHIQUE

Le lecteur doit se souvenir que l’important changement survenu dans le gouvernement vénitien, changement qui consolida le pouvoir entre les mains de l’aristocratie, eut lieu vers 1297, sous le doge Pietro Gradenigo, ainsi jugé par Sansovino : « Un homme vif et prudent, doué d’une grande décision et d’une grande éloquence. Il posa, si on ose parler ainsi, les fondations éternelles de sa République par les règles admirables qu’il introduisit dans le gouvernement ».

Nous avons aujourd’hui le droit de douter qu’elles fussent admirables, mais on ne peut contester ni leur importance ni l’énergique volonté et l’intelligence du doge. Venise était alors au zénith de sa puissance, et l’héroïsme de son peuple déployait son essor dans toutes les parties du monde. L’acquiescement donné par le peuple à l’établissement du pouvoir aristocratique prouve le respect qu’il ressentait pour les familles qui avaient été les principaux instruments de cette haute prospérité.

Le « Serrar del Consiglio » limita le nombre des sénateurs qui acquirent, par là, une dignité plus forte que par le passé. Le changement de caractère de cette Assemblée fut naturellement suivi de certaines modifications dans l’aménagement et dans la décoration de la salle où elle siégeait.

Nous lisons, dans Sansovino, que, en 1301, sous le doge Gradenigo, fut commencée, sur le Rio del Palazzo, une autre salle terminée en 1309, et que, dans cette année, le Grand Conseil y tint sa première séance. Le Palais gothique fut donc commencé pendant la première année du XIVe siècle et, de même que la fondation du Palais