Page:Ruskin - Les Pierres de Venise.djvu/202

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Il a déjà été dit que les grands piliers supportant l’étage inférieur sont au nombre de 36 et que nous les comptons de droite à gauche en partant du pont de la Paille, afin de commencer par les plus anciens. Le premier supporte Tangle de la Vigne ; le 18e l’angle du Figuier ; le 36e l’angle du Jugement. Tous leurs chapiteaux — à l’exception du premier — sont octogones et décorés de seize feuilles diversement ornées, mais disposées de la même façon. Huit de ces feuilles forment des volutes ; les huit autres, moins hautes, ne montent que jusqu’à la moitié du chapiteau où elles se courbent en abritant de leur ombre luxuriante un ou plusieurs personnages. Beaucoup de ces chapiteaux sont incomplets, fort détériorés : ils sont ornés d’enfants, d’oiseaux, de personnages illustres, d’emblèmes grotesques, etc. Le second est le plus beau des trois chapiteaux décorés d’oiseaux ; le 4e orné de trois enfants, a été copié dans la partie Renaissance, mais l’expression des enfants est complètement différente. Les têtes du XIVesiècle sont pleines de jeunesse et de vie, elles sont enjouées, tout en exprimant l’exubérance, l’énergie, la décision : il s’y ajoute peut-être un grain de ruse et même de cruauté. Les traits sont petits et durs ; les yeux, pénétrants : il y a, dans ces enfants, l’étoffe d’hommes rudes, mais grands.

Les enfants du XVe siècle, tout au contraire, ont des visages doucement inintelligents ; aucune marque d’expression sur leurs joues rebondies et, bien qu’ils soient aussi jolis que les autres enfants le sont peu, on sent qu’ils ne peuvent devenir que des petits-maîtres parfumés.

Le 7e chapiteau est le premier d’une série représentant les Vertus ; le 10e en revanche, nous montre les Péchés. Le 12e a dû être fort intéressant, mais il est dans un tel état de destruction que, sans la copie que la Renaissance