Page:Ruskin - Les Pierres de Venise.djvu/237

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pas d’y avoir vu aucune dorure : tout y est en pur marbre de la plus belle qualité.


L'École d’architecture que nous venons d’examiner est sauvée d’une sévère condamnation par le noble et soigneux usage qu’elle a su faire des colorations du marbre. Depuis lors, cet art a été méconnu ou méprisé : les fresques des rapides et audacieux peintres vénitiens ont longtemps lutté contre l’introduction de ces marbres qui les surpassaient par leur plus brillant coloris, aussi fugitif, pourtant, que les teintes d’automne dans les bois. Finalement, lorsque ce puissant mode de peinture vint, à son tour, à faire défaut, on vit s’établir le système de la décoration moderne qui unit, dans l’harmonie du mensonge, l’insignifiance des veines du marbre à l’effacement de la fresque.


Depuis que (dans « Les Sept Lampes ») j'ai tenté de démontrer combien était coupable et bas notre mode de décoration imitant, par la peinture, la diversité des bois et des marbres, ce sujet a été discuté dans différents ouvrages d'architecture et prend, chaque jour, plus d’in- térêt.

Quand on considère combien de personnes ont, pour moyen d’existence, cet art falsifié, et comme il est difficile, même aux plus honnêtes, d’admette une conviction contraire à leurs intérêts, à leurs habitudes de travail et à leur manière de voir, on peut être plutôt surpris que la vérité ait trouvé quelques soutiens que de lui voir rencontrer une foule d’adversaires. Elle a pourtant été, à plusieurs reprises, défendue par les architectes eux mêmes et avec tant de succès qu’il ne reste vraiment plus rien à dire pour ou contre le degré d’honnêteté du procédé. Mais il y a certains points connexes à l’imitation