Page:Ruskin - Les Pierres de Venise.djvu/242

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leurs millions de branches sur chaque route bordée d’arbres, sur chaque colline ombragée.


Revenons, pour un instant, aux grands principes que nous avons abandonnés en descendant jusqu’à ces misérables expédients. Je crois qu’un jour viendra où le langage des symboles (types) sera mieux lu et mieux compris par nous qu’il ne l'a été depuis des siècles. Quand ce langage, supérieur au grec et au latin, nous sera connu, nous nous souviendrons que, semblables aux autres éléments visibles de l’univers, — l’air, l’eau, la flamme — qui développent, par leurs pures énergies, le don de la vie, purifiant, sanctifiant l’influence de Dieu sur Ses créatures, la terre, dans sa pureté, démontre Son éternité et Sa vérité. Je me suis étendu sur le langage historique des pierres, ne négligeons pas leur langage théologique et, de même que nous ne voudrions pas souiller les fraîches eaux qui sortent du rocher dans leur radieuse pureté ; ni arrêter, dans une immobilité fatale, le vent qui souffle des montagnes ; ni parodier les rayons du soleil par une lumière artificielle sans éclat, ne laissons pas remplacer, par des tromperies basses et infructueuses, la dureté du cristal et la douleur ardente de la Terre d’où nous sommes sortis et où nous rentrerons — de cette terre qui, comme nos propres corps, poussière dans sa dégradation, devient splendide lorsque la main de Dieu rassemble ses atomes et qui fut à jamais sanctifiée par Lui, comme le symbole de Son amour et de la vérité, lorsqu’il ordonna au grand prêtre d’inscrire les noms des tribus d’Israël sur les pierres précieuses qui ornaient le Pectoral du Jugement.