Page:Ruskin - Les Pierres de Venise.djvu/245

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modifications au style de la Renaissance, mais les principes qu’on a jugés les plus applicables aux besoins modernes sont toujours romains et le style entier est nommé justement : « Renaissance romaine ».


C’est ce style, dans sa pureté et sa plus belle forme, représenté par des constructions telles que : la casa Grimani à Venise (bâtie par San Micheli) ; la maison de Ville, à Vicence, (par Palladio) ; Saint-Pierre de Rome (par Michel-Ange) ; Saint-Paul et Whitehall, à Londres (par Wren et Inigo-Jones), qui fut le véritable adversaire du style gothique: il s’étendit sur l’Europe entière. Depuis sa corruption, il n’est plus ni admiré ni étudié par les architectes, cependant l’œuvre achevée de sa période supérieure reste encore celle qu’on montre aux étudiants du XIXe siècle en l’opposant aux formes gothiques, romanes ou byzantines longtemps considérées comme barbares, et qui sont encore regardées comme telles par beaucoup de chefs d’École de nos jours. Elles sont, au contraire, les plus nobles et les plus belles, et mon but est de prouver que, malgré la perfection que posséda, dans certains genres, la Renaissance, elle n’est pas digne d’exciter notre admiration. J’ai déjà essayé de poser, devant le lecteur, les divers éléments qui s’unissent dans la nature du Gothique et de lui faire apprécier non seulement la beauté de ses formes, mais aussi son application future aux besoins de l’humanité et son pouvoir infini sur les cœurs. Je voudrais maintenant essayer d’expliquer la nature de la Renaissance afin que le lecteur pût comparer les deux systèmes avec la même clarté, la même largeur de vue dans leurs rapports avec l’intelligence de l’homme et leurs capacités pour le servir.


Je n’examinerai pas longuement la forme extérieure :