Page:Ruskin - Les Pierres de Venise.djvu/293

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Les écrivains de ce temps montraient volontiers qu’ils connaissaient les divers degrés de la comparaison ; un grand nombre d’épitaphes sont rédigées dans ce style. Ce que celle-ci a de remarquable, c'est la « piété vénitienne » qui avait autrefois placé Venise au-dessus des autres villes, mais dont il ne restait plus qu’une ombre digne défigurer sur une épitaphe et de satisfaire l’orgueil que ne suffisait pas à rassasier la somptuosité du sépulcre.


Avons-nous besoin de chercher davantage les causes de la décadence de Venise ? Elle ressemblait par ses pensées et allait ressembler par sa ruine, à la Vierge de Babylone : l’Orgueil d'État et l’Orgueil de la Science n’étaient pas des passions nouvelles ; la sentence prononcée contre elles est de toute éternité : « Tu as dit : Je serai à jamais souveraine, et tu n’as pas fait entrer toutes ces choses dans ton cœur... Ta sagesse et ta science t’ont pervertie, et tu t’es dit, dans ton cœur : Moi, et rien que moi! C’est pour cela que le malheur vient vers toi... Ceux avec qui tu as trafiqué dès ta jeunesse se disperseront chacun de son côté ; nul ne pourra te sauver ! »