Page:Ruskin - Les Pierres de Venise.djvu/56

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basiliques romaines. Chacun sait qu’une église se compose d’une nef et de deux bas côtés. La nef, d’une beaucoup plus grande hauteur, était limitée par des rangées de colonnes qui supportaient de grands espaces de murs vides élevés au-dessus des bas côtés et formant la partie haute de la nef, laquelle avait un toit également en bois.

Chez les Romains, ces vastes pans de murs étaient en pierre, mais dans le Nord, où on construisait en bois, il furent forcément composés de planches horizontales, attachées à d’autres pièces de bois posées verticalement au faîte des piliers de la nef — qui étaient également en bois. Les madriers verticaux étaient naturellement plus épais que les autres ; ils formaient au-dessus de la nef, des pilastres carrés. Lorsque, par les progrès du christianisme et de la civilisation, les constructeurs abandonnèrent le bois pour la pierre, les pilastres conservèrent leur forme carrée et restèrent en place, formant le principal trait distinctif de l’architecture du Nord : « la colonne voûtée ». Les Lombards l’importèrent en Italie au VIIe siècle : on la retrouve de nos jours à Saint-Ambroise, de Milan, et à Saint-Michel, de Pavie. Il fallut adjoindre des membres additionnels aux piliers de la nef pour qu’ils pussent soutenir ceux de la voûte. Ce fut peut-être la réunion de deux ou trois pannes de pin formant un pilier qui fit naître l’idée de grouper ainsi les colonnes de pierre. Quoi qu’il en soit, la disposition de la nef en forme de croix est contemporaine de la superposition des piliers voûtés et du groupement des colonnettes autour des portes et des fenêtres. Ces modifications résument la rude et majestueuse architecture du Nord, représentée par les Lombards.

Les avalanches lombarde et normande laissèrent sur leur passage de massives constructions qui, après leur