Page:Ruskin - Les Pierres de Venise.djvu/70

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ques », semblables à ceux qui décorent les chapiteaux ; de la chapelle de l'Arena, à Padoue, pendant que les costumes, sur les autres chapiteaux, portent la date de la renaissance classique. Les têtes de lion qui séparent les arceaux changent exactement au même point.

Je pourrais citer beaucoup d'autres preuves. L'architecte employé sous Foscari, en 1424, fut forcé de suivre les principales lignes de l'ancien palais. N'ayant pas le talent d'inventer de nouveaux motifs de chapiteaux, il copia assez maladroitement les anciens. Le palais a 17 arcades sur la façade de la mer, 18 sur celle de la Piazzetta naturellement supportées par 36 piliers. Le 1er, le 8e et le 36e (en partant de l’angle du palais qui touche au pont de la Paille) sont les grands supports des angles du Palais Ducal. Il est facile de signaler et de classer par leur numéro d'ordre les piliers du XIVe et du XVe siècles. Leurs chapiteaux, lorsqu'ils ne sont pas de simples copies, se reconnaissent à leur pauvreté d'invention. Le 35e seul est par exception d'un noble dessin.

Je tiens à signaler ici la copie du 99 chapiteau qui, octogone comme les autres, fut décoré des images des huit Vertus : la Foi, l'Espérance, la Charité, la Justice, la Tempérance, la Prudence, l'Humilité (que les antiquaires vénitiens appellent l'Humanité) et la Persévérance. Les Vertus du XIVe siècle ont des traits accentués mais très vivants, elles portent les vêtements simples de l'époque. La Charité a, dans son giron, des pommes (peut-être des pains) : elle en donne une à un petit enfant qui, pour la prendre, passe son bras dans un interstice du chapiteau. La Persévérance maintient ouverte la mâchoire d'un lion ; la Foi porte la main à sa poitrine comme pour y presser la croix ; et l'Espérance prie, tandis que, au-dessus d'elle une main émerge d'un faisceau de rayons