Page:Ryner - Le Subjectivisme, Gastein-Serge.djvu/17

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

sans un peu de mensonge et de destruction. Il y a de la connaissance ou de la croyance dans le terreau où plongent les racines de l’action ; et il faut à la croyance ou à la connaissance un principe actif, désir ou tendance. Le geste ne devient d’une précision harmonieuse que dans la souple lumière de la pensée ; et un effort constant et heureux vers la science présuppose une certaine discipline de vie. Cependant, avec des confusions plus ou moins sinueuses, avec des frontières hésitantes et un peu artificielles comme toutes les frontières, avec seulement la quantité de mensonge dont il est impossible de purger le langage humain, j’ose partager les philosophes en deux classes, suivant qu’ils accordent le primat à l’intelligence qui veut boire ou à la volonté qui a soif de rire.

Je n’essaie pas de dire les mille nuances pour lesquelles il n’y a peut-être pas de mots. La réalité malicieuse se laisse-t-elle jamais exprimer qu’à condition de déborder l’expression qu’on lui impose ? Nul concret entre-t-il, que pour la briser, dans une case de nos classifications ? Seuls les noms propres et ceux qui, sans s’inquiéter de s’accorder au réel, disent des constructions mathématiques, peuvent avoir un sens pleinement adéquat. D’une application souriante et d’une négligence qui s’applique, j’indique donc plusieurs penseurs et je n’en désigne proprement aucun :

Les uns aiment et méprisent dans la science une servante de l’action ; d’autres la dédaignent jusqu’à la croire inutile à l’action ou peut-être paralysante. En voici pour qui la vie n’a d’autre besogne que l’effort de connaître, et ils disciplinent sévèrement cette esclave ascétique ; en voilà qui courent directement à la connaissance sans se préoccuper