Page:Ryner - Le Subjectivisme, Gastein-Serge.djvu/20

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bras sont faits d’une brume qui ne saisira point la solidité extérieure. Tout ce que je sais, c’est que, du dehors, je ne sais rien. Mon esprit ne sort pas de mon esprit et les choses n’entrent pas en lui. Je ne connaîtrai jamais que l’univers subjectif, moi-même. Toute comparaison entre le macrocosme et le microcosme appartient à la métaphysique et, si elle a un mérite, ce mérite est d’ordre poétique. En dehors du domaine de la connaissance positive, alchimie, astrologie, morale, sont des chapitres de la métaphysique. Rêves flottants ou lourdeurs ruineuses. Joies et ivresses de l’intelligence qu’il faut aimer pour elles-mêmes, sur quoi il ne faut rien appuyer et qu’il ne faut point mêler aux recherches vitales. Le moraliste qui les prend au sérieux fait l’alchimie du bonheur. Le bonheur, je ne veux pas en rêver seulement, je veux boire son puissant élixir ; il faut que j’en fasse la chimie.

Entre les phénomènes chimiques et le Phénomène universel ou l’universelle Substance, je ne puis supposer des rapports moins étroits qu’entre les gestes humains et le même univers. Les sciences positives ont erré tant qu’elles ont voulu, d’une ambition trop vaste, exprimer le lien merveilleux ; elles ont commencé à se constituer le jour où elles ont renoncé à de telles prétentions. Leur exemple m’instruit. Je me détourne de l’alchimie du bonheur, de celle qu’on nomme morale, vers l’humble chimie que quelques anciens appelèrent sagesse.

Chercher dans la métaphysique la règle de sa vie, c’est demander au mirage l’eau dont on a soif. C’est modeler la vie sur le rêve et transformer la conduite humaine en je ne sais quel hagard somnambulisme. C’est vouloir ordonner et